DES ENFANTS CAPABLES ET DES ADULTES DE CONFIANCE

La prévention est un enjeu important de la lutte contre les violences faites aux enfants. S’inscrivant dans celle-ci, le programme CAP tient à promouvoir le droit au respect de l’intégrité des enfants, qu’elle soit physique, psychologique ou sexuelle. 

L’ objectif du programme est de permettre aux enfants d’augmenter leur confiance en soi et leurs capacités à se défendre, en leur donnant plus de possibilités de choix pendant et après des situations difficiles ou dangereuses.

CAP part de l’idée que les enfants ont des ressources en elles et en eux, et que notre rôle d’adultes est de les encourager à augmenter ces ressources : grâce au programme CAP, nous cherchons à interrompre la culture du silence en encourageant les enfants à chercher de l’aide quand iels en ont besoin et à déconstruire les mécanismes de la culpabilité en re-positionnant explicitement les responsabilités des violences du côté des agresseurs. 

CAP invite également l’ensemble de la communauté éducative à travailler la posture de “l’adulte de confiance” : informer les adultes sur les réalités des violences envers les enfants et leurs impacts, ainsi que de renforcer leurs propres capacités d’écoute. Une des dimensions de cette posture d’adulte de confiance est aussi de renforcer toutes les ressources qui nous permettent de croire les enfants, prendre au sérieux leur parole et valoriser ce que les enfants font déjà. 

C’est pourquoi dans le cadre du programme, les enfants des classes des écoles maternelles et primaires mais aussi l’ensemble des adultes les côtoyant -les parents, référents, personnel enseignant et non enseignant des écoles et des centres sociaux- sont invité·e·s à participer à un atelier qui leur est spécifiquement consacré. 

Le programme CAP cherche à développer une culture commune de la prévention des violences au sein d’une même structure. C’est pour cela qu’il nous tient à cœur, lorsque nous intervenons, par exemple, dans une école, de passer dans chacune des classes ; de la même manière, nous tenons à rencontrer le plus de parents / référent·es possible. Cela permet d’encourager la coopération et la solidarité entre tous les enfants, mais aussi entre les adultes de confiance qui les soutiennent. 

CE QUI VULNÉRABILISE LES ENFANTS

L’analyse des violences envers les enfants a démontré qu’il existe trois facteurs qui rendent les enfants plus vulnérables :

  1. le manque d’informations : la difficulté à aborder le sujet des violences ainsi que le tabou autour des agressions sexuelles font que bien souvent les enfants n’ont pas accès aux informations nécessaires pour identifier ce qu’est un abus d’autorité ou une agression sexuelle.
  2. la dépendance face aux adultes sur les plans économique, affectif, psychologique et physique.
  3.  l’isolement social : l’ignorance qu’ont souvent les enfants de leurs  droits et des ressources disponibles pour les défendre.

L’IMPORTANCE DE LA PRÉVENTION PRIMAIRE

Selon l’observatoire national de l’enfance en danger en 2016, le nombre de mineur·e·s bénéficiant d’au moins une mesure de prise en charge était estimé à 295 357 sur la France entière, soit un taux de 20,1 ‰ des moins de 18 ans. Différents dispositifs existent, mais l’accent est mis sur l’après-agression ou la prévention secondaire et tertiaire : 

  • des numéros d’urgence, les remontées d’informations préoccupantes et de signalements auprès des commissariats de police et de gendarmerie, ou directement auprès du procureur (secondaire)
  • comme les dépôts de plainte, les mesures de protection et la répression (tertiaire). 

La prévention primaire, celle qui est centrée sur les enfants elles/eux-mêmes, est peu développée en France : c’est l’idée d’intervenir avant que des violences se produisent ou se reproduisent ou n’augmentent en intensité.             

La prévention primaire des violences comprend d’autres axes, en particulier portés par des associations féministes comme les Planning Familiaux : l’éducation à l’égalité femmes-hommes ; l’éducation à la vie affective et sexuelle ou encore des programmes qui développent les stratégies les compétences affectives et sociales des enfants.

La prévention primaire vise des changements sociétaux : en outillant les personnes subissant des violences, en informant, en déconstruisant les stéréotypes (de genre, notamment). Et en invitant toutes celles et ceux qui veulent contribuer à une société sans violence à investir des postures d’allié-es. Afin de sortir de nos points aveugles, afin de soutenir les personnes victimes et de réagir lorsque nous sommes témoins.

Il est donc nécessaire de placer ce type de prévention au cœur des politiques de lutte contre les violences envers les enfants, en lien avec le réseau associatif et institutionnel de la prévention, de l’éducation et de la protection de l’enfance.